Nuits de campagne

Me revoilà, avec une histoire qui parle de campagne, de visages, de collages. A vos plumes, prêts… lisez ! Bon dimanche à vous !

Son prénom s’affichait en grosses lettres, à côté de son sourire. Il commençait à pâlir tiens, depuis que le soleil était revenu. Il était toujours planté là, ça faisait bien dix jours qu’il posait sur le rond-point en double exemplaire. On s’en fichait un peu de celui-ci, il était moins gênant que les deux autres hideux, la blonde au sourire méchant (si c’est possible) et le type un peu rabougri à l’allure passe-partout. Un bon père de famille peut-être ? Va savoir. Va savoir ce qui leur passe par la tête, quand ils posent ainsi pour leurs belles campagnes promotionnelles. Va savoir s’ils veulent nous transpercer de leur regard de vainqueurs ou nous faire adhérer à leurs valeurs : travail, famille, peur.

Photo de Alex Fu sur Pexels.com

Il paraît qu’on a pas le droit d’enlever les affiches, tout le monde sait que c’est puni par la loi. Quand le début de la campagne a commencé, il y a eu d’abord de grands panneaux gris plantés le long de la salle des fêtes. Puis, des affiches ont été collées, mais ailleurs. Va savoir. Va savoir pourquoi, ils préfèrent tapisser les autres panneaux, comme celui de la petite place où il y avait des fleurs avant et où désormais, des inconnus viennent recharger leurs véhicules électriques. On se sent un peu en insécurité d’ailleurs, mais ce n’est pas le sujet.

Alors c’est à cet endroit que sans doute la nuit, des gens masqués sont venus apposer des affiches du parti de la blonde et du type banal. Il y avait des logos en bas de l’affiche, comme dans les publicités pour les clubs de foot ou les cuisines aménagées, genre « sans scrpzul » ou encore « bien de chez nous ». Quand j’ai vu ça, je me suis dit que quand même, c’était dommage qu’on ne puisse pas les enlever, mais la loi, c’est la loi.

Quelques jours plus tard, la petite place était déserte. Personne pour venir faire le plein d’électricité. Je me suis approchée, et j’ai vu que de nouvelles affiches étaient arrivées. Elles recouvraient les premières, et dessus, il y avait un message qui disait que les fachos n’étaient pas les bienvenus. Et toc ! C’était plutôt bien vu, et le fait d’imaginer d’autres gens, masqués et armés de pots de colle avec pour mission de re-coller des morceaux sur de la haine, ça portait un peu d’espoir. Ainsi, se livrait une bataille silencieuse et un peu gluante dans ces nuits de campagne.

Le samedi, ici, c’est le jour du camion à pizzas. La tradition au village quoi, belle ouverture au monde en passant, mais ce n’est pas le sujet. Ce jour là, il y a un peu plus d’animation et on traverse le bourg pour aller chercher notre petite commande. C’est à ce moment là qu’un couple en belle berline, s’est garé sur la petite place (oui, celle là) et ils papotaient tout en… collant des affiches des deux autres (la blonde et le type, faut suivre un peu). Alors là, les pizzas m’en sont tombées des bras.

Ils ont fait leur petite affaire et sont repartis, fièrement au volant de leur auto. Avaient-ils eux aussi commandés des pizzas ? L’histoire ne le dira jamais. On ne veut pas savoir. Quelques jours plus tard, j’eus la surprise de voir que de nouveaux visages avaient pris possession de la placette et que désormais, un gars à la tête géante et une femme entourée de bleu régnaient en maître de ces quelques mètres de scène politique.

D’après un bon ami qui m’a avoué lui aussi pratiquer le collage d’affiches pour un parti à gauche, tout cela ne s’arrêterait que le samedi pré-électoral avant les fameuses élections. Il ajouta d’un air grave « et il paraît que ce sont les derniers qui affichent qui ont le plus de voix ». Ainsi, va la vie électorale dans nos campagnes, coller pour glaner.

Cette petite contre-danse des affiches de campagne était bien étrange, presque d’un autre temps. Alors quand j’ai vu quelques sombres messages, je les ai laisser dépérir avec les intempéries… ici en Bretagne, il pleut souvent tu sais. Quelques affiches se sont déroulées comme de vieilles chaussettes, et ont terminé leur vie de papier au fond d’un ravin. Alors j’ai pris un sac poubelle et je les ai remise à l’endroit adéquat (la poubelle hein, j’espère que vous avez suivi).

19 juin 2021

Ps : Ici en France, on vote pour les départementales et les régionales. Et ma foi, je vais aller au vote. D’ailleurs, dans mon village, ils se sont fichtrement bien préparés aux élections, je vous raconte ça la semaine prochaine, promis !

PS 2 : besoin de musique pour me donner du courage, à vos suggestions 🙂

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