L’homme à l’amer

Il s’éloignait. Prendre un certain recul, arrêter d’un geste las, l’attente insidieuse qui lui rongeait les sens. Au-delà de l’attente, il y avait, juste derrière, le sentiment prégnant que tout cela prenait trop d’importance.
Ces bouteilles à la mer qu’il jetait comme des mégots encore fumants, le long de sa route, pour n’en recueillir que des cendres. Nul incendie ne se déclenchait, suite à ses mots tendres ou ses mots fendus de regrets, qu’il écrivait chaque jour.
Non, pas même un début de brasier dans le cœur de sa dulcinée. Juste le goût amer de l’oubli, le son lointain d’un rire, le souvenir d’une course le long de la digue, le feu de leurs nuits blanches.

Il avait beau retourner tout ça dans tous les sens, seule l’absence lui renvoyait son reflet, encore et encore. Alors il s’éloignait, pour de vrai cette fois. Il coupait les ponts et naviguait à vue, sans se soucier maintenant, des amers qui bordaient les falaises.

1er février 2020 (c) Les brèves d’Agnès

2 réflexions sur “L’homme à l’amer

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