Cette flotte qui tombait en continu, rendant le jour aussi sombre qu’un puits, formant un coussin d’eau dans le creux de la tonnelle qu’elle perçait avec un bâton pour en faire dégueuler une trombe d’eau, ne lui disait rien de bon. Le jour serait long, d’un ennui de boue, opaque comme un collant sur l’horizon. Les pieds nus dans ses bottes, Lilas crevait les abcès de pluie tout en songeant à ces accès de tristesse. Ils revenaient les jours vaseux, avec un peu d’aigreur accrochée au cœur, de celle qui reste, de celle qu’on héberge à durée indéterminée.
Hier soir dans les vapeurs de clope, la brûlure du papier sur ses lèvres l’avait piquée au vif. Ses mots s’étaient parqués, regroupés en paquets, puis elle les avait laissé glisser doucement, délivrés, libérés. Il avait reçu tout ça en vrac, et ça avait fait quelques étincelles dans ses yeux, même. De ces promesses fragiles et sensuelles, de ces éclats, qui pénétraient le ciel de ses nuits sans sommeil. Et son sourire, qu’aurait éclairé n’importe quelle journée comme celle-ci. Alors Lilas se prit à rêver, en perçant à nouveau la tonnelle, avec une p’tite pointe d’aigreur, qui s’évaporait doucement dans la lueur du jour.
1er décembre 2019 (c) Les brèves d’Agnès
Aigreur, pluie et lueur …
Très belle plume poétique!
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Merci Johan !
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