L’émotion de tout un peuple, ils disaient. La même émotion en écoutant la radio, flot d’anecdotes personnelles et de kilomètres parcourus pour rendre un dernier hommage. Comme si plus rien n’avait d’importance, les nuages noirs au dessus des villes s’étaient envolés, laissant derrière eux des petites filles perdues, lasses de voir les espèces disparaître en se demandant si elles pouvaient manger ces salades, lacérées de traces noires. Sans danger, assuraient les autorités.
L’émotion, dans laquelle étaient soudain entraînés tous les français, comme une traînée de poudre à la saveur de pommes, de costumes noirs, de terroir, de sacs à main et de trahison, sans quoi la fête serait moins grand guignolesque. Ha oui, l’émotion qui prenait aux tripes, quand les grands de ce monde partaient les pieds devant, du chanteur de cuir blanc au politique d’un autre temps, celui qu’on avait cru enterré, qui ressortait ses vieilles ficelles pour mieux nous… émouvoir.
Il aurait fallu avoir l’air concerné, à défaut d’être consterné, il aurait été de bon ton d’avoir une anecdote, sortie de vieux tiroirs pour la télévision, il aurait fallu garder la liberté d’en rire, de s’en foutre ou d’en verser une larme. Quant à la petite fille, dans son jardin toxique, elle pouvait bien s’émouvoir elle aussi, de ne plus entendre le chant des oiseaux, d’essuyer les traces invisibles et mortelles tombées du ciel. Oui, elle pouvait bien s’émouvoir, on regardait ailleurs.
29 septembre 2019
Bravo Agnès !
De ta plume alerte quelque peu consternée, ce témoignage de ton engagement assumé qui redonne le sens des priorités 🤔!
Muxu 😘😘 et à bientôt
Nathalie
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C’est un gentil compliment Nathalie, merci beaucoup ! Au plaisir de te lire 🙂 Agnès
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