L’échappée belle

Voyagez au cœur de votre beauté, disait le message automatique de l’esthéticienne en guise d’en-tête. Lilas referma sa messagerie et esquissa un sourire, léger, en songeant à son voyage à elle. Au cœur du Cantal devrait-elle dire ? Au cœur d’un refuge incertain où elle pourrait bercer ses peines, les laisser vagabonder un peu plus hauts vers les montagnes aux courbes rondes, bordant l’horizon d’une étrange façon.

Partir, voyager, se laisser guider le long de routes nouvelles, de troquets aux volets encore fermés, parfois fermés pour toujours, de camionnettes blanches fatiguées qu’on charge de sacs de pains chauds, se perdre pour mieux se retrouver dans une auberge remplie de bricoles, qui viendraient accrocher son regard de voyageuse perdue. Un endroit inconnu, où nul ne connaitrait son histoire, où la patronne aux traits encore tirés lui demanderai juste ce qu’elle voulait. Un café bien serré, sans sucre, les bruits des tasses qu’on pose sur le perco, un œil sur les nouvelles du jour, un quotidien aux titres racoleurs, des faits divers qu’elle évitera, des guerres qu’elle tentera de comprendre, la planète en feu, qu’elle survolera sans rien pouvoir faire, un horoscope tiens, c’est bien ça l’horoscope. Et la météo qu’on annonce arrosée, très arrosée pour un mois d’août, c’est pas de bol pour les vacanciers dira la patronne en déposant la tasse de café brulant.

Repartir, un peu à contrecœur, reprendre la route du voyage « au cœur de la beauté », finalement, ça lui allait bien à Lilas.

16 août 2019

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s