Il est presque midi et je n’ai pas de nouvelles. J’ai froid, dehors le soleil a décidé de se cacher, et je suis allongée sur mon lit à écrire. Mes coudes posés sur la couverture, ma plume glisse sur les carreaux et je ne fais que des ratures. Tu sais, j’ai aimé notre rencontre, nos moments sous les draps tendus, froissés, échevelés. Rayé. Tu sais, j’aurai aimé pouvoir te parler, mais les jours passaient si vite, étaient si éclatants que je n’osais pas froisser ces moments, de peur de les tendre. Rayé. Je ne sais pas par où commencer, par ces moments tendres, qui faisaient fuir ma peur de te perdre. Rayé. Commençons par le début, je voulais te dire… Rayé. C’est trop con de rayer le passé, d’un coup d’éclat, d’un coup de coude, de faire valser nos moments magiques, parce qu’on a pas su se dire, se… Et merde, j’ai froissé les feuilles, lâché mon stylo dans un soupir.
J’ai regardé par la fenêtre, il était treize heures et tout était calme. Le parking vide à cette heure, la vie toute ralentie, les voitures suspendues dans un autre espace temps. Pas un bruit, juste le bourdonnement de la radio, au loin, les infos du jour. Au loin, les souvenirs de toi, de nous, de ces doutes qui resteront à jamais enveloppés dans les lignes du papier. Je me suis déshabillée, mes cheveux s’envolaient déjà vers l’autre monde, celui de mes rêves, aériens et fragiles. Insaisissables. Et j’ai laissé la lumière revenue me caresser pour un temps infini.
Février 2019
Expo « Trou d’serrure » de Véronique Guilloux et JIB, une petite brève inspirée par l’expo. A suivre…