On m’avait dit « soit drôle », en ce moment tu sais, l’actu tout ça c’est pas drôle. On savait aussi que c’était le premier avril et qu’on devait faire des blagues. La première étant sans doute celle du changement d’heure qu’avait eu lieu, l’autre dimanche, on avait dit que ça s’arrêtait ça non ? Comment veux-tu être à l’heure après c’est pas possible.
On m’avait dit « la nuit tous les chats sont gris », mais quelle est la bonne heure pour voir le monde en couleurs, pour balancer des poissons à la face des pas drôles, des trublions et des faux jetons* ? On avait dit que ton texte glauque, écrit après minuit, tu ne pouvais pas, non, le balancer à la face de celles qui n’avaient déjà pas très envie de rire, de ceux qu’avaient pas d’œufs (ha merde en plus c’est Pâques), de celles qui ne voulaient même plus se lever tellement la vie, tout ça tu sais c’est pas drôle. On avait dit, que les insomnies ça devait pas servir à coucher des mots déformés par la blancheur de la nuit, étirés comme des élastiques entre quelques étoiles dépitées d’être là, à regarder défiler tes phrases sans queue ni tête. Allez, endors-toi en mars et réveille toi en avril, pose toi au bord d’un nouveau moi, d’un autre mois calendaire où les calembours seraient rois. Allez crois-moi, c’est pas si grave de pas être drôle, de ne pas avoir envie, de ne pas avoir la niaque ou de l’avoir tant et tant que tu manques de temps. Allez dis-moi, on dirait que mon texte pas drôle, je le range pour un autre moment, et qu’en attendant, je vais chercher des lapins dans mon jardin, à moins que ça ne soit des œufs au bord d’avril…
1er avril 2018
* J’adore cette expression, que j’ai longtemps orthographiée « fauchtons » va savoir pourquoi…