Je ne sais pas pour vous, mais en ce moment, c’est dur.
C’est dur parce que la vie est dure ? C’est dur parce que tout va trop vite ? C’est dur à cause du taf, à cause de la ‘charge mentale’, ce nouveau terme pour y fourrer nos peines quotidiennes ? C’est dur parce que tu regrettes d’avoir parlé ? Pas parlé ? Pas dit que là, c’est bon mais ça le fait plus. Pas trop oser te plaindre, surtout que tu l’as déjà fait la semaine dernière, pis l’autre, pis aussi lundi parce que t’avais mal dormi. Trop de pourquoi et de questions sans réponses qui tournaient la nuit, la nuit avant le lundi. On est mercredi, et tu as déjà annulé le sport lundi soir, parce que ta journée était aussi pourrie que ta nuit, et dans la foulée, tu as annulé la réunion du mardi, car vraiment t’as pas le temps en ce moment. Des heures qui passent avec la boule au ventre, une pointe au cœur et les doigts fébriles sur le clavier. Du temps qui passe comme ça, l’air de rien et qui t’empoisonne un peu plus chaque jour.
On est mercredi soir, et encore fatiguée, tu as la vaisselle à faire parce que le lave-vaisselle est en panne, et que t’as pas eu le courage d’appeler le dépanneur. Le service après-vente Truc Bidule… rien que le mot évoque de longues heures passées à tourner en rond pendue à la voix d’un robot et de choix à numéros simples qui te mènent nulle part. Rien que l’idée, ça donne pas envie. Alors tu te tapes la vaisselle, les mains dans l’eau trop chaude, et les yeux rivés sur l’horloge parce qu’en plus, tu dois faire à manger. Éplucher les bons légumes bios en chantonnant… ou plutôt massacrer une pauvre courge spaghetti que t’arrive pas à éplucher justement « Mais comment ça se coupe ce truc ??? ». En plus, tu sais que les enfants diront « euh…c’est quoi ça ? ». On est mercredi soir, la courge spaghetti a cramé, elle s’est décomposée mais pour elle, c’était déjà mal parti. Finalement, tu as fait cuire des pâtes dans la casserole, l’eau bouillante s’est écoulée sur la vaisselle qui traînait et il y avait du gruyère râpé dans le frigo. La petite table de la cuisine suffirait à accueillir les affamés, tous fatigués d’une journée trop chargée.
On a éteint la radio. Plus un bruit à part celui des voitures qui démarraient sur le parking d’en face, des gens qui sortaient d’une réunion et rentraient chez eux. Juste être assis, devant une plâtrée de pâtes (non végétales, paix à l’âme de la courge) et se poser un peu le temps… le temps de quoi d’abord ? Le temps de rien, le temps qu’il faut, le temps de manger, de se parler, d’écouter les histoires de la journée, les toutes petites qui passent entre les mailles du temps, les qui se faufilent en toute liberté, qui n’en en ont plus rien à faire des horaires et des choses à faire. Et c’est tellement bien !
Janvier 2018
Ok, la photo n’a rien à voir avec la choucroute, mais j’avais envie de mettre quand même une photo, et cette photo prise dans un de mes coins préférés est finalement pas si mal, c’est zen et reposant non ?