Bertrand Belin, le roi des scélérats

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Un rêve de gosse pour Bertrand Belin et ses musiciens : jouer à Art Rock. Fait !

C’est inhabituel, mais pour une fois, j’ai envie d’écrire sur un concert que j’ai vu dimanche. Alors j’ai bien en tête un truc du genre « les cinq raisons qui m’ont fait aimer ce concert » mais en fait, j’ai mille raisons d’avoir chaviré cet après-midi là. Art Rock, la Passerelle, Saint-Brieuc, chaleur enivrante et foule chanceuse d’être là, en plein jour à bientôt basculer comme un seul homme dans la rage énergique de Radio Elvis et dans la folie magnifique de Bertrand Belin. Comme j’ai mille raisons d’avoir aimé, je vais quand même faire pas trop long.

J’ai aimé l’énergie et le contrôle des trois Radio Elvis, accordés à nous faire chalouper, avec ces mots bien dosés ou cette reprise bien osée d’un titre de Bashung. Osez, usuriers… rien ne s’opposait ensuite à laisser place à un Bertrand Belin qui a osé nous embarquer dans sa folie, avec ses musiciens, totalement en phase, au service des délires de l’artiste. Délires, vous avez dit délires ?

B. Belin. Photo : Frédéric Olanier

Concert de Bertrand Belin au festival Les sons d’automne. 2019 Photo : Frédéric Olanier

Dès le début, le ton est donné, Belin cherche, montre du doigt, se sert de sa veste pour se cacher la tête et annonce la couleur « Je vois qu’on agite une main, quelqu’un, tiens, on vient ». Et puis non, il abandonne, esquisse une danse à la Elvis, folle, folle, folle, et nous parle de son réveil dans une chambre qui n’est pas la sienne. Un réveil étrange, un vomi (oui oui) qui l’amuse, les mots qui résonnent (ha oui, la région PACA, elle est bizarre), le vomi qui devient carte de France, qui dessine l’Angleterre même, un portable qui vibre dans le silence, entre deux morceaux, et le voilà qui s’amuse du mot « téléphone », comme ça, pour rien. Ou si c’est joué, c’est bien joué, rodé, osé. Bien sûr que c’est écrit, il est aussi écrivain. Mais ce qui m’a touché plus que tout, plus que cette musique, plus que la complicité entre les musiciens, plus que l’immense classe de Belin, c’est vraiment son talent à se mettre dans la peau du type qui dort dans un hall de banque, sur un carton, un carton tout neuf, et faut pas le faire chier. Il y a chez lui cette violence brute, cette incarnation éphémère et sincère, ces coups portés par des mains imbéciles, la lutte pour sa place, même si on ne peut plus faire l’altesse.

Cet instant où on est sûr de reconnaître quelqu’un, de connaître son dos, par cœur et où l’on réalise que ce n’est même pas lui. Belin, en parlant « en fou », arrive à nous emmener là où peu d’artistes finalement s’y frottent : la folie qui se glisse dans le quotidien, ces moments où tout bascule, l’air de rien. Ces moments où rien ne s’oppose à l’hyper-nuit.

Sur le fil du rasoir, tout en finesse et drôlerie, il nous entraîne dans cet univers grisé où les nuits peuvent aussi être magiques et où les mots subliment le quotidien. Comme dirait Bashung « Je suis le roi des scélérats, à qui sourit la vie ».

Juin 2017

Site de Radio Elvis

Site de Bertrand Belin

3 réflexions sur “Bertrand Belin, le roi des scélérats

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