Désherber devant ses potes

trottoirs

En rentrant de la gare ce soir, voilà ty pas que, le long du grillage destroy de la grosse boîte agro-alimentaire leader en porc (et si j’ai envie de l’appeler comme ça moi ?) sur laquelle faut pas trop se pencher, je distingue des petits bleuets tout mignons qui se faufilent entre les fils de fer du grillage. Mon cœur d’artichaut commence à s’attendrir, mes pensées tout à coup deviennent lyriques et je commence presque à délirer tellement cette image est attendrissante, quand j’aperçois, un peu plus loin, sur le bord du trottoir, de grosses fleurs oranges, des touffes fofolles et des fleurs inconnues qui débordent de partout. Non mais ! C’est de la gestion modérée ou différenciée, je sais plus les éléments de langages utilisés, mais en vrai, c’est juste que les mecs de la voirie, ils ont décidés, peinards, d’êtres écolos et de laisser pousser mémère et les orties avec. Ben tiens ! Mais du coup, mes pensées et moi, on se dit « Mais ouais, qu’est-ce-qu’on s’en fout d’avoir un trottoir nickel, un grillage avec rien qui dépasse ! Non mais c’est comme les poils à la fin : à bas la tyrannie du désherbage et de l’épilation. Même com-bat ! ».

Pis ça permet de rêvasser. Ce matin à l’aube, le chauffeur de la grosse multinationale qui, en allant régler son rétro (bon, c’est des trucs que j’imagine, je sais pas si les chauffeurs font ça), ben il voit le bleuet plein de rosée et sa journée s’éclaire (non, en vrai il ne pisse pas dessus, j’y crois pas). Bref, me voilà en pleine rêverie, quand je me dis « oui mais quand même, si on laisse tout pousser comme ça, ça part à vau l’eau, et on peut plus marcher sur le trottoir… d’un sens ». L’anarchie quoi. Et voilà ty pas que, en tournant pour rentrer chez moi, je vois un papy en salopette kaki, tout penché sur son mur… en train d’arracher d’autres petites fleurs bleues. Direct, je lui dis « Euh, mais faut pas tout enlever, elles sont trop jolies ces fleurs ! ». Il se redresse (enfin façon de parler car il doit avoir hyper mal au dos) et me dit « Oh, oui, je vais en laisser un peu, mais là dedans, y’a d’la saloperie ! ». Il s’essuie le front puis ajoute « Pffff, c’est du boulot quand même ! ». Ben oui, soit on épile, on arrache et on éradique les fleurs sauvages… mais ça fatigue, soit on devient des anar’s défenseurs de la libre poussée… et on est plutôt peinard au fond. A la cool !

Mai 2017

Une réflexion sur “Désherber devant ses potes

  1. Bravo Agnès : Stef et Nathalie like
    Et oui, les fleurs, les hommes, les animaux…même combat plus on est de fous…plus on rit…et les mauvaises graines, les vilains petits canards…ça peut donner de superbes belles de jour…de magnifiques cygnes…juste un peu de patience…l’alchimie opère…pour le plaisir des yeux et de la découverte…
    Vive les défenseurs de la libre poussée!!

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